La Scapulomancie : quand de la divination est née l’écriture
Mancie millénaire, qui a donné naissance à la première forme d’écriture chinoise, la Scapulomancie est l’interprétation d’ossements plats, préalablement chauffés sur un feu.
Cette pratique divinatoire, également nommée avant « omoplatoscopie« , fait partie des méthodes oraculaires les plus anciennes et les plus utilisées autrefois.
Une mancie Royale
C’est sous la dynastie Shang (1765-1122 avant J.C) que les devins ont fait usage pour la première fois d’omoplates de bœuf pour réaliser des présages. A l’origine, la Scapulomancie (du latin spatula « omoplate ») était réservée aux membres de la famille royale et les prédictions concernaient les grands événements qui rythmaient leurs vies : naissances, unions, décès…
Cette méthode de divination gagne par la suite de nombreux pays à travers le monde. Le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Amérique du Nord, l’Europe et une grande partie du continent asiatique pratiquent la Scapulomancie pour obtenir des prévisions sur le temps qu’il fera, sur le rendement des récoltes ou tout autre événement majeur aux conséquences importantes sur leur vie quotidienne.
En Chine ancienne, berceau de la Scapulomancie, les carapaces de tortues font leur apparition en tant que support divinatoire et supplantent peu à peu les omoplates d’animaux. Symbole d’immortalité et de sagesse en Extrême Orient, la tortue possède un plastron ventral qui figure la Terre. Les inscriptions qui y sont portées par les devins deviennent le fondement de la première forme d’écriture de la Chine. (Ecriture ossécaille).
On trouve des traces écrites de la pratique de la Scapulomancie dans le plus ancien livre Japonais, « le Kojiki », qui relate que les dieux faisaient usage de cette mancie.
Il est possible de nos jours d’aller admirer un exemple de Scapulomancie datant de la période Shang, en se rendant au Musée Guimet à Paris, situé dans le XVIe arrondissement.
La méthode utilisée
La pratique de la scapulomancie répondait à un rituel effectué par le devin, qui, après avoir percé l’omoplate de l’animal de petits trous, lui appliquait ensuite un tison brûlant.
Cette technique faisait apparaître de l’autre côté de la plaque d’os des craquelures diverses dont le devin faisait alors l’interprétation, après avoir nettoyé la chair et le sang dont l’omoplate était souillée.
La date de la divination, la question posée, le nom du devin et la réponse des ancêtres étaient inscrits sur l’omoplate après qu’elle soit passée au feu.
Lorsque les prédictions se réalisaient, les omoplates et les carapaces qui avaient servi à la divination étaient méticuleusement conservées dans les archives officielles.
Une divination millénaire encore utilisée
De nos jours encore à travers le monde, un grand nombre de personnes font appel à la Scapulomancie pour obtenir des prédictions sur la famine, la chance, la maladie, le succès…
Parmi ceux qui pratiquent encore cette mancie, on compte de nombreuses ethnies asiatiques, des européens et divers peuples amérindiens.
Les craquelures vont être examinées avec attention pour y déceler les présages :
- si la fêlure est longue et droite d’un bout à l’autre de l’omoplate : c’est signe de famine, de mort.
- si la fêlure est en forme de zigzags et courte de surcroît : cela signifie que divers troubles vont s’abattre ou grande misère.
- si la fêlure comporte sur les bords des petites taches rondes de brûlé en forme de rameaux : le signe est positif, c’est l’abondance.
La Scapulomancie est devenue au fil du temps une tradition divinatoire qui continue d’apporter sa richesse séculaire aux divers peuples du monde.
Article écrit par Gwenaelle Tourray